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Wave confie à Joël Bertrand Ndjodo la direction de la campagne camerounaise dans un contexte d’intensification de la lutte contre l’argent mobile

La licorne fintech Wave a nommé Joël Bertrand Ndjodo, ancien cadre du géant des télécommunications MTN, au poste de directeur national pour le Cameroun, signe d’une poussée déterminée dans l’un des marchés d’argent mobile les plus dynamiques d’Afrique centrale.

Introduction

M. Ndjodo, qui a occupé pendant 11 ans le poste de gestionnaire principal de l’argent mobile chez MTN au Cameroun, apporte plus de deux décennies d’expérience dans les services financiers numériques. Sa nomination coïncide avec le lancement officiel de Wave au Cameroun, prévu de longue date et rendu possible grâce à un partenariat avec la Commercial Bank Cameroun (CBC).

Cette évolution place le modèle perturbateur et peu coûteux de Wave face aux leaders établis du marché, MTN et Orange, à un moment où d’autres fintechs internationales, dont Flutterwave et Cauri Money, se disputent également une part du marché camerounais.

L’impact sur la concurrence est déjà visible. Orange Cameroun, le principal acteur du marché, a réduit de manière proactive ses frais de retrait d’argent mobile de 1,5 % à 1 % via son application Max it. Cette mesure fait suite à une réduction antérieure de 2 % en 2022.

« Nous voulons faciliter la vie des Camerounais grâce à des solutions accessibles et de plus en plus abordables », a récemment déclaré Orange Cameroun.

Cette décision est considérée comme une réponse défensive claire à la structure tarifaire caractéristique de Wave, qui propose généralement une commission forfaitaire de 1 % pour les transferts et les retraits d’espèces gratuits – un modèle qui a déjà contraint ses rivaux au Sénégal et en Côte d’Ivoire à procéder à des réductions de prix substantielles.

Au Cameroun, Wave n’émettra pas directement de monnaie électronique, une activité strictement réglementée dans la région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Elle opérera plutôt sous la licence de la CBC, autorisée par la Commission bancaire régionale (COBAC) en juin 2025, pour fournir des services tels que les dépôts, les retraits, les transferts de poste à poste et les paiements de factures.

Cette expansion s’accompagne d’un solide soutien financier. Wave a récemment obtenu une facilité de crédit de 117 millions d’euros dirigée par Rand Merchant Bank, avec des contributions d’institutions de financement du développement telles que Norfund, Finnfund et British International Investment, afin de soutenir sa croissance sur ses huit marchés africains.

L’intérêt des acteurs internationaux n’est pas surprenant. Entre 2019 et 2023, la valeur des transactions d’argent mobile au Cameroun a bondi de 162 %, atteignant 24,3 billions de francs CFA (37 milliards d’euros), selon les données officielles. Au cours de la même période, le nombre de comptes actifs a augmenté de 144% pour atteindre plus de 24 millions.

Le Cameroun représente aujourd’hui plus de 70 % de l’ensemble de l’activité de l’argent mobile au sein du bloc des six nations de la CEMAC, qui, selon la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), a traité plus de 90 milliards d’euros de transactions en 2022.

Cependant, l’environnement opérationnel pose des défis notables. Une taxe de 0,2 % est appliquée à chaque transaction d’argent mobile, ce qui ajoute un coût que les opérateurs doivent absorber dans un secteur où les marges sont déjà étroites.

Il y a aussi l’exemple édifiant de YUP, l’initiative d’argent mobile de la Société Générale, qui a pris fin en 2022. Malgré un soutien institutionnel fort, YUP a eu du mal à concurrencer les opérateurs historiques bien établis, atteignant un pic de 22 000 utilisateurs actifs seulement, contre 10 millions pour Orange à l’époque.

Conclusion

Pour Wave, l’arrivée d’une personnalité locale chevronnée comme M. Ndjodo constitue une première étape stratégique.

Sa tâche consistera à naviguer dans un cadre réglementaire complexe et à adapter la stratégie ouest-africaine éprouvée de Wave pour défier les concurrents dominants sur un marché où la fidélité à la marque et les réseaux d’agents étendus jouent un rôle décisif. La guerre des tarifs peut commencer, mais au Cameroun, les perturbations ont un prix élevé.

Ecrit par Eya Rziga

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