Eya Rziga
Depuis le début des années 2000, la Turquie a intensifié sa présence en Afrique, tant sur le plan diplomatique qu’économique.
Introduction
Le président Recep Tayyip Erdoğan a souvent souligné l’importance de cette stratégie : « Nos échanges commerciaux avec l’ensemble de l’Afrique s’élevaient à environ 7 milliards de dollars en 2005. En 2016, ce chiffre avait déjà atteint 17 milliards de dollars, et il continue de croître », a-t-il déclaré lors d’une visite officielle.
Cette ambition s’est accompagnée d’une multiplication des missions diplomatiques turques à travers le continent. Selon l’ancien ambassadeur turc Numan Hazar, « depuis 1998, le nombre d’ambassades turques en Afrique est passé de 12 à 44, ce qui illustre l’engagement diplomatique de la Turquie envers le continent ».
Ankara vise 50 milliards de dollars d’échanges commerciaux dans les années à venir
Les chiffres du commerce bilatéral confirment cet engagement croissant. En 2024, les exportations turques vers l’Afrique ont atteint 19,4 milliards de dollars, soit une hausse de 1,7 % par rapport à l’année précédente.
L’Égypte représentait 3,5 milliards de dollars, suivie du Maroc (3,1 milliards) et de la Libye (2,5 milliards). Bien que encourageants, ces chiffres restent en deçà de l’objectif ambitieux d’Ankara, qui est d’atteindre 50 milliards de dollars d’échanges commerciaux dans les années à venir.
Le ministre turc du Commerce, Ömer Bolat, a récemment déclaré : « Nos exportations vers l’Afrique ont atteint près de 10 milliards de dollars en seulement six mois. Le Maroc est devenu notre premier partenaire africain, devant l’Égypte et la Libye. »
La Turquie, un investisseur émergent
Au-delà du commerce, la Turquie s’affirme comme un investisseur. Le ministre Bolat a souligné : « Nos entrepreneurs ont investi 2,3 milliards de dollars en Afrique, créant plus de 35 000 emplois. »
Le secteur de la construction reste au cœur de cet engagement : « Nos entreprises de construction ont réalisé des projets d’une valeur de 97,5 milliards de dollars en Afrique. Cela représente près de 20 % de nos activités internationales », a-t-il expliqué.
Ces investissements couvrent plusieurs secteurs, notamment l’énergie, la santé et les infrastructures, reflétant la contribution croissante d’Ankara aux besoins de développement de l’Afrique.
La Turquie est un partenaire fiable en Afrique
Pour Ankara, la pierre angulaire de son approche réside dans ce qu’elle appelle un modèle de partenariat équilibré. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Burak Akçapar, a récemment souligné : « La Turquie est un partenaire fiable en Afrique. Nous n’imposons rien, nous recherchons des solutions communes dans un esprit gagnant-gagnant. »
Conclusion
Cette position trouve un écho auprès de plusieurs dirigeants africains. Lors du précédent Forum Turquie-Afrique à Istanbul, les ministres de tout le continent ont souligné la nécessité de diversifier leurs partenariats économiques et de réduire leur dépendance excessive vis-à-vis de l’Europe ou de la Chine.
Le modèle turc, plus récent et plus flexible, est de plus en plus considéré comme une alternative intéressante.
