Eya Rziga
AFRIQUE – Le financement reste l’obstacle principal à l’adoption généralisée des véhicules électriques (VE) en Afrique. Les coûts initiaux élevés des batteries et des véhicules découragent souvent les consommateurs et les opérateurs de flottes de faire la transition.
Cependant, une nouvelle source de capital émerge comme un catalyseur puissant pour surmonter cet obstacle : le financement carbone. En monétisant les émissions de gaz à effet de serre évitées, les innovateurs africains peuvent débloquer des revenus essentiels pour étendre leurs opérations et rendre l’e-mobilité plus abordable.
Monétiser l’impact environnemental
Le mécanisme est simple mais efficace : chaque tonne de CO2 dont l’émission est évitée génère un crédit carbone, qui peut ensuite être vendu sur les marchés internationaux du carbone.
Ces crédits représentent une source de revenus supplémentaire significative pour les entreprises d’e-mobilité, améliorant leur viabilité économique et attirant les investisseurs.
- Exemples réussis au Kenya : La flotte de bus électriques BasiGo au Kenya est un exemple concret de cette stratégie. Ses bus, en remplaçant les véhicules diesel polluants, ont permis d’économiser collectivement plus de 500 tonnes de CO2. Ces économies se traduisent directement en crédits carbone monétisables, qui peuvent être utilisés pour subventionner le coût initial des bus ou le développement des infrastructures de recharge.
Des cadres réglementaires nationaux en préparation
Pour que ce mécanisme fonctionne à grande échelle, des cadres réglementaires nationaux clairs sont nécessaires. Plusieurs pays africains sont à l’avant-garde de cette préparation, intégrant le marché du carbone dans leurs stratégies climatiques et de développement durable :
- Ghana
- Kenya
- Rwanda
Ces cadres visent à garantir la transparence, la vérification et la certification des réductions d’émissions, assurant ainsi la crédibilité des crédits carbone générés sur le continent.
Initiatives de soutien à l’échelle panafricaine
L’importance du financement carbone n’est pas passée inaperçue auprès des grandes institutions financières. La Banque Africaine de Développement (BAD) soutient activement l’Initiative Africaine pour les Marchés du Carbone (ACMI).
Cette initiative ambitieuse vise à stimuler la production de crédits carbone sur le continent, avec un objectif de générer 300 millions de crédits annuellement d’ici 2030, et jusqu’à 1,5 milliard d’ici 2050.
Le financement carbone est en passe de devenir un pilier essentiel de la transition énergétique de l’Afrique. En transformant les bénéfices environnementaux en valeur économique tangible, il offre une solution innovante pour accélérer l’adoption de l’e-mobilité et bâtir un avenir durable sur le continent.
