Selon de nouvelles données de l’Union internationale des télécommunications (UIT ), à la mi-2025, 38 % de la population du Rwanda est désormais en ligne, ce qui correspond au taux moyen de pénétration de l’internet en Afrique. Ce taux, qui était de 34 % en 2024, constitue une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour parvenir à l’accès universel à l’internet d’ici à 2030.
Le Rwanda compte désormais 5,5 millions d’utilisateurs actifs de l’internet sur une population estimée à 14,4 millions d’habitants, ce qui témoigne de ses efforts en faveur de l’inclusion numérique.
Introduction
Guidé par sa Vision 2050 et le plan stratégique du secteur des TIC (2024-2029), le pays vise à intégrer pleinement les citoyens, les entreprises et les systèmes gouvernementaux dans une économie axée sur le numérique.
Pourtant, la voie à suivre est semée d’embûches. Alors que l’infrastructure s’est développée et que l’accès à la téléphonie mobile s’est accru, de nombreuses personnes restent déconnectées non pas en raison d’un manque de couverture, mais parce que le coût de l’accès reste hors de portée.
Juin 2025 a marqué le déploiement des services 5G par MTN Rwanda, renforçant ainsi l’infrastructure numérique croissante du pays.
Ce réseau à haut débit et à faible latence devrait favoriser les innovations dans tous les secteurs, des villes intelligentes aux soins de santé. Actuellement, le Rwanda dispose de 1 760 tours de connectivité qui desservent 96 % des zones habitées, et prévoit d’en ajouter 840 autres d’ici 2028.
Pourtant, la croissance des infrastructures n’a pas totalement comblé le fossé numérique. « Notre infrastructure de pénétration de l’internet est passée à 62% », a déclaré Esther Kunda, directrice générale de l’innovation et des technologies émergentes au ministère des TIC et de l’innovation, lors d’une interview accordée le 9 juin au New Times Rwanda.
« Mais l’infrastructure seule ne suffit pas à assurer l’inclusion. L’accès et l’accessibilité financière, en particulier dans les zones rurales, restent nos plus grands obstacles ».
Ses inquiétudes sont relayées par des contrastes marqués dans l’utilisation de l’internet : alors que 57 % des résidents urbains sont en ligne, seuls 19 % des habitants des zones rurales y ont accès. Ces chiffres proviennent de l’enquête intégrée sur les conditions de vie des ménages (EICV7), réalisée par l’Institut national de la statistique du Rwanda, qui surveille des paramètres de développement clés tels que la pauvreté, l’accès aux services publics et l’inclusion numérique.
Seuls 20 % des Rwandais utilisent actuellement l’internet mobile et 34 % seulement des ménages possèdent un smartphone. En 2025, le coût moyen d’un smartphone sera d’environ 160 dollars, ce qui reste inabordable pour de nombreuses personnes, en particulier dans les zones rurales.
Alors que les tarifs des données sont parmi les moins chers d’Afrique, 0,81 $ par Go chez MTN et 0,41 $ chez Airtel, le coût reste prohibitif pour les familles à faible revenu. Pour les Rwandais les plus pauvres, l’achat d’un smartphone de base et d’un Go de données peut représenter jusqu’à 60 % de leurs revenus mensuels.
« Les Rwandais ont encore du mal à se procurer les produits de première nécessité, et vous parlez de données ? », a déclaré Magnus Mazimpaka, journaliste d’investigation basé à Kigali. « Pour la plupart des ménages, l’essentiel passe avant tout. L’achat de nourriture est prioritaire par rapport à la possession d’un smartphone ou au paiement d’un accès à l’internet ».
Les récentes modifications fiscales risquent d’aggraver le problème de l’accessibilité financière. Selon un rapport de la GSMA, l’augmentation des droits d’accise de 10 % à 12,5 %, ainsi que le rétablissement d’une TVA de 18 % sur les téléphones importés, devraient faire grimper le prix des appareils, ce qui affectera de manière disproportionnée les communautés rurales et les communautés à faibles revenus.
Néanmoins, des initiatives visant à réduire la fracture numérique sont en cours. Le programme gouvernemental Connect Rwanda, en collaboration avec MTN, favorise l’accès aux smartphones grâce à des dons et à des plans de paiement échelonnés.
Conclusion
En outre, plus de 2 000 ambassadeurs numériques sont actuellement actifs dans les 30 districts, aidant les citoyens à acquérir des compétences numériques – un effort appelé à se développer avec l’arrivée de 855 ambassadeurs supplémentaires d’ici le début de l’année 2025.
Ces efforts portent leurs fruits. La littératie numérique a grimpé à 75 %, dépassant l’objectif de 60 % fixé pour 2024. Cela indique que davantage de Rwandais sont équipés pour utiliser les outils numériques, à condition qu’ils puissent s’offrir les appareils et les données nécessaires.


