Dans un moment décisif pour le paysage des télécommunications en Afrique du Sud, le groupe Vodacom a reçu l’approbation décisive de la Cour d’appel de la concurrence pour procéder à l’acquisition d’une participation de 30 % dans Maziv, le conglomérat d’infrastructures de fibres optiques qui contrôle les leaders du marché Vumatel et Dark Fibre Africa, pour un montant de 13,2 milliards de rands (752 millions de dollars).
Introduction
Cette décision historique, annoncée le jeudi 15 août 2025, conclut une longue odyssée réglementaire de trois ans et demi qui a captivé les observateurs du secteur et a permis à Vodacom d’étendre considérablement son empreinte en matière d’infrastructure à fibre optique dans l’économie numérique en pleine croissance de l’Afrique du Sud.
Cette approbation intervient à un moment crucial pour le secteur sud-africain des technologies de l’information et de la communication, qui devrait atteindre 39,72 milliards d’USD en 2025 et croître à un taux de croissance annuel moyen de 7,90 % pour atteindre 58,09 milliards d’USD d’ici à 2030.
L’acquisition permet à Vodacom de se positionner stratégiquement sur ce marché en expansion, en particulier dans le segment à forte croissance de la fibre optique, où les abonnements ont connu un taux de croissance annuel de plus de 30 % au cours des dernières années.
Maziv, qui chapeaute tous les actifs de fibre optique détenus par Community Investments Ventures Holding (CIVH), représente l’un des portefeuilles d’infrastructures de télécommunications les plus précieux d’Afrique du Sud.
Les filiales de la société, Vumatel et Dark Fibre Africa, se sont imposées comme des acteurs dominants sur les marchés nationaux de la fibre optique jusqu’au domicile et de la connectivité d’entreprise, respectivement.
L’apport de capitaux résultant de cette opération accélérera considérablement les initiatives de Maziv en matière de déploiement de la fibre optique, en ciblant en particulier les zones de township précédemment mal desservies, qui sont restées une priorité stratégique pour réduire la fracture numérique en Afrique du Sud.
Le chemin vers l’approbation s’est avéré loin d’être simple, impliquant de multiples organismes de réglementation et des manœuvres juridiques sans précédent. Dans un premier temps, la Commission de la concurrence a recommandé de bloquer la transaction, invoquant des préoccupations importantes quant aux effets anticoncurrentiels potentiels sur le marché sud-africain des infrastructures de fibre optique.
Toutefois, à la suite de négociations approfondies et d’une série de conditions révisées proposées par les parties à la fusion et la Commission de la concurrence avant l’audience de la Cour d’appel de la concurrence du 22 juillet 2025, le paysage réglementaire s’est radicalement transformé.
La Commission est finalement revenue sur sa position, approuvant l’acquisition après que Vodacom et Maziv ont présenté des engagements renforcés pour préserver la concurrence sur le marché.
Le Tribunal de la concurrence a d’abord maintenu son opposition à l’opération, émettant une ordonnance interdisant la transaction proposée en octobre 2024. Cette décision a incité les parties à la fusion à déposer un recours auprès de la Cour d’appel de la concurrence, créant ainsi un scénario procédural inhabituel.
Le juge de la cour d’appel Norman Manoim a qualifié la situation de sans précédent, notant que si la cour a reçu des arguments complets détaillant les failles supposées de la décision du tribunal, elle n’a reçu aucun contre-argument de la part de la Commission de la concurrence, qui avait alors changé de position pour soutenir la fusion.
Jerome Wilson, représentant l’équipe juridique de Maziv, a souligné que l’accord révisé négocié avec la Commission devait être considéré comme une amélioration supplémentaire de la proposition initiale, arguant que le tribunal avait fondamentalement mal évalué les implications concurrentielles de la transaction.
Le marché sud-africain de l’infrastructure à fibre optique a connu une transformation remarquable ces dernières années, sous l’effet d’une demande croissante de connectivité internet à haut débit et de services numériques.
Le marché de l’internet par fibre optique en 2025 est plus compétitif que jamais, avec de nouveaux acteurs entrant sur le marché et des fournisseurs établis tels que Openserve, Vumatel et MetroFibre qui s’efforcent de se différencier par une meilleure tarification et une meilleure qualité de service.
Le marché des réseaux de fibres noires du pays présente un fort potentiel de croissance, les projections indiquant une croissance de 16,15 millions USD en 2023 à 41,36 millions USD estimés en 2032, ce qui représente un taux de croissance annuel composé de 10,86 %.
Cette acquisition intervient dans un contexte d’investissements importants dans le secteur des télécommunications, les investissements annuels dans les services de communication mobile ayant augmenté de 22,98 % pour atteindre 17,74 milliards de rands, tandis que les investissements d’expansion sont passés de 1,65 milliard de rands à 3,32 milliards de rands, bien que les investissements dans l’infrastructure aient connu une certaine contraction.
Malgré l’approbation de la Cour d’appel de la concurrence, Vodacom doit encore obtenir l’approbation inconditionnelle de l’Independent Communications Authority of South Africa (ICASA) avant de finaliser la transaction. L’ICASA avait déjà donné son accord initial en 2022, ce qui laisse penser que cette dernière étape pourrait se dérouler plus facilement que la procédure d’examen au titre du droit de la concurrence.
Les conditions révisées qui accompagnent l’approbation du tribunal sont conçues pour répondre aux préoccupations réglementaires antérieures tout en permettant aux parties de réaliser les avantages stratégiques de la transaction.
Ces conditions incluent probablement des engagements concernant l’accès au réseau, la transparence des prix et la préservation de la concurrence sur le marché, bien que les détails spécifiques restent confidentiels dans l’attente de l’autorisation réglementaire finale.
Cette acquisition représente un changement stratégique fondamental pour Vodacom, le plus grand opérateur de réseau mobile d’Afrique du Sud en termes de nombre d’abonnés. En obtenant une participation majoritaire dans Maziv, Vodacom acquiert une influence directe sur des actifs d’infrastructure de fibre optique essentiels qui complètent ses investissements dans le réseau mobile existant.
L’opération s’inscrit dans la tendance générale du secteur à la convergence entre les services mobiles et fixes, les opérateurs de télécommunications cherchant à offrir des solutions de connectivité complètes couvrant les segments résidentiel, professionnel et d’entreprise. L’accès au vaste réseau de fibres optiques de Maziv permettra à Vodacom d’améliorer les capacités de collecte de son réseau mobile tout en se développant sur les marchés à forte croissance de la téléphonie fixe à large bande.
Pour Maziv, le partenariat fournit des ressources en capital substantielles pour accélérer l’expansion du réseau, en particulier dans les zones de township où le développement de l’infrastructure de fibre optique a toujours été à la traîne en raison de défis économiques et techniques.
L’accent mis sur les communautés précédemment mal desservies s’aligne sur les priorités du gouvernement sud-africain en matière d’inclusion numérique et de développement économique.
L’aboutissement de cette acquisition devrait accélérer la consolidation du secteur des télécommunications en Afrique du Sud, les principaux opérateurs recherchant des avantages d’échelle et des synergies en matière d’infrastructure.
L’opération pourrait inciter les opérateurs concurrents à conclure des partenariats stratégiques similaires ou à procéder à des acquisitions pour maintenir leur position concurrentielle.
Du point de vue du développement économique, l’investissement dans l’infrastructure de fibre optique promet de soutenir les objectifs de transformation numérique de l’Afrique du Sud, en améliorant la connectivité pour les entreprises, les établissements d’enseignement et les utilisateurs résidentiels.
L’amélioration de l’accès à la fibre optique peut faciliter la croissance des services numériques, du commerce électronique et des secteurs technologiques qui nécessitent une connectivité internet fiable et à haut débit.
Conclusion
Cette transaction témoigne également de la confiance que les grands investisseurs continuent d’accorder au marché sud-africain des télécommunications, en dépit des difficultés économiques plus générales qui affectent la région. L’engagement financier substantiel de Vodacom est un signe d’optimisme quant à la croissance à long terme de la demande de services de connectivité avancés.


