L’Afrique est confrontée à un énorme déficit d’accès à l’énergie, avec près de 600 millions de personnes privées d’électricité. Bien qu’il dispose de 60 % des meilleures ressources solaires au monde, le continent n’a attiré que 2,4 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables entre 2010 et 2020.
Les subventions aux énergies renouvelables sont essentielles pour relever ce défi en réduisant les coûts, en encourageant l’investissement privé et en accélérant l’adoption.
Voici comment quatre pays africains clés – l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et le Nigeria – mettent en œuvre des programmes de subvention, leurs réussites et les défis auxquels ils sont confrontés :
- Afrique du Sud: En tête des capacités renouvelables (10,4 GW d’ici 2022) grâce à des initiatives telles que le programme d’approvisionnement des producteurs indépendants d’énergie renouvelable (REIPPPP). Cependant, les contraintes du réseau, les subventions élevées au charbon et les avantages inégaux limitent les progrès.
- Kenya: La production d’électricité renouvelable a atteint 87 % d’ici 2020, grâce à des allègements fiscaux, à des tarifs de rachat et à l’implication du secteur privé. Les défis à relever sont la forte dépendance à l’égard de la biomasse et les problèmes de gouvernance.
- Maroc: L’objectif est d’atteindre 52 % d’électricité renouvelable d’ici 2030, grâce à des projets solaires et éoliens à grande échelle. Les problèmes comprennent la pénurie d’eau et les conflits d’utilisation des terres.
- Nigeria: L’objectif est d’atteindre 30 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, avec des exonérations fiscales et des exemptions de droits d’importation. Pourtant, les infrastructures obsolètes, les retards réglementaires et la pauvreté énergétique élevée persistent.
Modèles de performance
Le Kenya se distingue par son succès dans l’intégration des énergies renouvelables, avec une croissance de la capacité de 4,9 % par an entre 2013 et 2022. Ces progrès peuvent être attribués à l’adoption précoce de programmes de producteurs d’électricité indépendants dans les années 1990, qui ont ouvert la voie à l’engagement du secteur privé.
L’Afrique du Sud, bien qu’elle dispose de la plus grande capacité d’énergie renouvelable en Afrique, est confrontée à des défis opérationnels. Les délestages persistants en 2025 soulignent les limites de son infrastructure de réseau.
La dépendance historique du pays à l’égard du charbon contraste avec le leadership du Kenya en matière d’énergies renouvelables, mettant en évidence la manière dont les choix énergétiques passés influencent les efforts de transition actuels.
Problèmes d’accès et d’accessibilité financière
Le Nigeria est confronté à un grave déficit d’accès à l’énergie, les zones urbaines ayant un taux d’accès de 84 % contre seulement 26 % dans les régions rurales. En Afrique, on estime que la transition énergétique nécessitera 200 milliards de dollars par an d’ici à 2030, mais le continent n’attire que 2 à 3 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables.
Le financement des projets d’énergie propre est encore compliqué par des taux d’intérêt qui sont deux à trois fois plus élevés que ceux des économies développées.
Efficacité de la mise en œuvre
Les projets solaires centralisés du Maroc contrastent avec les approches décentralisées des énergies renouvelables du Kenya, mettant en évidence différentes stratégies pour étendre l’accès à l’énergie.
Cependant, l’infrastructure du réseau reste un problème majeur, l’Afrique subissant des pertes d’énergie moyennes de 16 %, soit près du double de la moyenne mondiale de 9 %. Même le projet de centrale éolienne du lac Turkana, au Kenya, a été retardé de plus d’un an en raison de problèmes de transmission.
Les environnements réglementaires varient également beaucoup. Au Nigeria, les cadres de marché fragmentés et les réglementations complexes entravent la participation du secteur privé. En revanche, au Kenya, la forte implication du secteur privé a permis de rationaliser les processus, même si la mauvaise gestion des entreprises publiques telles que Ketraco et Kenya Power reste un problème.
Sur l’ensemble du continent, une énergie fiable et abordable est essentielle pour répondre aux besoins des communautés et des entreprises, tout en stimulant la croissance économique locale.
L’examen des programmes de subvention des énergies renouvelables en Afrique du Sud, au Kenya, au Maroc et au Nigeria met en lumière diverses stratégies susceptibles de façonner la transition énergétique de l’Afrique. L’engagement précoce du Kenya en faveur du secteur privé contraste fortement avec les besoins pressants de l’Afrique du Sud en matière de modernisation des infrastructures.
Ces efforts s’inscrivent dans un environnement financier difficile. L’Afrique dispose d’un immense potentiel en matière d’énergies renouvelables, mais sa capacité actuelle reste bien en deçà de ce qui est possible. L’exploitation d’à peine 25 % de ce potentiel permettrait de réduire considérablement la pauvreté énergétique. Cependant, le sous-investissement dans les énergies propres reste un obstacle majeur.
Pour ne rien arranger, le coût du service de la dette sur le continent est aujourd’hui deux fois plus élevé que le montant investi dans les énergies propres. La réalisation des objectifs de développement durable nécessitera une augmentation significative des investissements dans le secteur de l’énergie, qui devraient plus que doubler d’ici 2030 par rapport au chiffre annuel actuel de 90 milliards de dollars.
Les leçons tirées de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Maroc et du Nigeria indiquent des actions claires : donner la priorité aux subventions pour les ménages à faible revenu, renforcer les finances des services publics pour moderniser les infrastructures, et aligner les stratégies de financement pour attirer les investissements privés.
Par exemple, environ 28 milliards de dollars de capitaux concessionnels sont nécessaires chaque année pour débloquer 90 milliards de dollars de financement du secteur privé d’ici 2030. Des outils tels que le financement mixte, les garanties et les capitaux propres concessionnels peuvent contribuer à combler ce fossé.
Conclusion
Les efforts à grande échelle tels que l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique (AREI) démontrent le type de leadership local nécessaire pour étendre les modèles d’énergie renouvelable qui ont fait leurs preuves.
Par ailleurs, des pays comme le Ghana, le Kenya et le Rwanda sont en passe de fournir un accès universel à une électricité abordable d’ici à 2030, offrant ainsi des exemples pratiques à suivre.
La technologie solaire photovoltaïque, qui est aujourd’hui la source d’énergie la plus rentable, devrait être le moteur de la transformation de l’Afrique en matière d’énergie propre dans les années à venir.


