Eya Rziga
– Le continent africain est à l’aube d’une transformation économique majeure, portée par l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Selon un rapport publié en août 2025 par Mastercard, le marché de l’IA en Afrique devrait passer de 4,5 milliards de dollars en 2025 à 16,5 milliards de dollars d’ici 2030, soit un taux de croissance annuel de 27,42 %.
Cette croissance fulgurante devrait également entraîner la création de 230 millions d’emplois numériques à travers l’Afrique subsaharienne au cours de la même période.
L’IA, un levier pour l’inclusion financière et le développement économique
L’IA ne se limite pas à la technologie ; elle est un puissant catalyseur pour résoudre certains des défis les plus pressants du continent. Le rapport de Mastercard souligne le potentiel de l’IA dans la promotion de l’inclusion financière, notamment pour les 400 millions d’Africains qui sont encore mal desservis par les banques traditionnelles.
- Scoring de crédit par l’IA : En utilisant des modèles basés sur des données alternatives, l’IA peut évaluer la solvabilité des individus qui n’ont pas d’historique de crédit formel, leur donnant accès à des prêts et des services financiers.
- Expansion des services : L’IA est déjà utilisée dans des chatbots et des assistants virtuels pour fournir un support client 24h/24, améliorant l’expérience utilisateur et réduisant les coûts opérationnels.
- Sécurité et conformité : L’IA renforce également la sécurité et la conformité réglementaire, aidant les institutions financières à protéger leurs clients tout en respectant les exigences réglementaires.
Des hubs d’innovation émergents
Certains pays se positionnent comme des leaders dans l’écosystème africain de l’IA, attirant des investissements et développant des initiatives nationales :
Leader en infrastructure et préparation aux données, le pays a attiré 610 millions de dollars de capital-risque axé sur l’IA en 2023. Son plan national vise à développer 300 startups et à former 5 000 professionnels de l’IA d’ici 2030.
Deuxième en nombre de startups d’IA, le Nigéria est un hub dynamique pour l’innovation, intégrant l’IA dans la finance, la sécurité, l’agriculture et les transports.
Avec sa « Silicon Savannah », le Kenya est en train de devenir un leader régional en matière d’adoption de l’IA, grâce à sa stratégie nationale axée sur la recherche et l’innovation.
Hub émergent en Afrique du Nord, le Maroc déploie l’IA dans divers secteurs et vise à attirer 1,1 milliard de dollars d’investissement et à créer 240 000 emplois numériques d’ici 2030.
Les défis à relever pour libérer le potentiel de l’IA
Malgré les perspectives prometteuses, des défis subsistent pour réaliser pleinement le potentiel de l’IA en Afrique.
- Écart d’infrastructure : L’accès limité aux centres de données et au cloud computing, en dehors de quelques pays, reste un frein.
- Accès inégal à Internet : Une grande partie de la population africaine, notamment dans les zones rurales, n’a toujours pas un accès fiable à Internet.
- Manque de compétences : Un déficit de talents persiste, avec seulement 5 % de la main-d’œuvre africaine possédant les compétences nécessaires dans ce domaine.
- Fragmentation des données et des langues : Les modèles d’IA existants manquent souvent de données pertinentes dans les langues locales, ce qui limite leur inclusivité et leur pertinence pour les populations africaines.
Pour surmonter ces obstacles, des investissements coordonnés dans l’infrastructure, la formation et la politique sont nécessaires.
Une action audacieuse de la part des gouvernements et des acteurs privés peut garantir que l’Afrique saisisse cette opportunité de l’IA et positionne sa main-d’œuvre pour un nouvel avenir numérique.
