Le Nigeria n’est pas connu pour sa modestie. Le dernier salon technologique du pays, GITEX NIGERIA, s’est achevé à Lagos le 4 septembre, les responsables déclarant que les entrepreneurs nigérians sont « les architectes de l’avenir numérique ».
Une telle rhétorique pourrait sembler exagérée ailleurs, mais dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où le gouvernement vise une économie d’un trillion de dollars, ces grandes ambitions semblent de plus en plus à portée de main.
Cet événement inaugural de quatre jours, organisé sous le patronage du président Bola Tinubu à Abuja et Lagos, a attiré plus de 650 start-ups issues de 27 pays et représentant 29 secteurs d’activité.
Plus qu’un simple salon professionnel, il représentait la dernière tentative du Nigeria de se positionner comme le pôle technologique incontesté du continent, un statut dont il jouit déjà sur le plan financier, mais qu’il cherche à consolider sur le plan institutionnel.
Les chiffres témoignent d’une ambition sérieuse. Le ministère fédéral nigérian des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique, en collaboration avec l’Agence nationale pour le développement des technologies de l’information (NITDA), a orchestré ce que les organisateurs ont qualifié de plus grand rassemblement technologique d’Afrique de l’Ouest.
Le soutien international est venu du Programme des Nations unies pour le développement et de l’American Business Council, tandis que les partenaires nationaux comprenaient l’État de Lagos, la Fondation FATE et Co-creation Hub Africa.
Le moment a été choisi à dessein. Le ministre nigérian des Communications, Bosun Tijani, venait d’annoncer le financement de 75 nouveaux projets de recherche destinés aux start-ups, aux chercheurs et à la diaspora.
S’exprimant lors de l’événement, il a présenté ce rassemblement comme s’inscrivant dans la stratégie du Nigeria visant à « façonner » plutôt qu’à simplement « suivre le rythme » de l’avenir numérique, en offrant ce qu’il a appelé « une voie transparente et accélérée vers la collaboration » avec des partenaires internationaux.
Le clou de l’événement était le Supernova Challenge, un concours de pitchs qui a distribué 22 000 dollars dans six catégories. La start-up nigériane Curacel, spécialisée dans les technologies de la santé, a remporté le titre de championne toutes catégories et le premier prix de 10 000 dollars pour sa plateforme d’assurance basée sur l’IA.
La victoire de cette entreprise illustre la sophistication croissante du Nigeria dans des secteurs autres que la fintech, qui était à l’origine du développement de l’écosystème.
Parmi les autres lauréats, citons Build Africa (IA), InCash (finance numérique), Hadiya (économie créative), Acecore (agritech et énergie), Kara (mobilité et villes intelligentes) et HiPrep (prix Disruptor), qui ont chacun reçu 2 000 dollars.
Cette diversité reflète la volonté des responsables politiques de diversifier les technologies dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de l’industrie manufacturière et de l’énergie.
Abdul-Jabbar Momoh, vice-président de Curacel, a déclaré que cette victoire « alimenterait l’expansion en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Nord », tout en continuant à avoir un impact sur la vie des gens grâce à une meilleure distribution de l’assurance maladie.
Ses commentaires reflètent les ambitions mondiales des entrepreneurs technologiques nigérians, qui considèrent de plus en plus leur succès national comme un tremplin pour leur expansion continentale et internationale.
Le vice-gouverneur de Lagos, Kadri Hamzat, s’est montré optimiste, déclarant que le festival démontrait comment les jeunes Nigérians dotés d’un « esprit innovant extraordinaire » « suscitent l’intérêt, lèvent des capitaux et surmontent les défis ».
Son enthousiasme a été repris par le directeur général de la NITDA, Kashifu Inuwa Abdullahi, qui a affirmé que « les partenariats tournés vers l’avenir sont le moteur des écosystèmes de start-ups florissants ».
Mais derrière les discours festifs se cachent des défis bien connus. Les ambitions technologiques du Nigeria doivent encore faire face à des déficits persistants en matière d’infrastructures, à l’incertitude réglementaire et à des problèmes de sécurité complexes.
L’accent mis par le gouvernement sur les partenariats internationaux suggère qu’il reconnaît que les ressources nationales ne suffiront peut-être pas à elles seules à réaliser ses rêves d’un trillion de dollars.
La question de savoir si le Nigeria peut véritablement façonner l’avenir numérique de l’Afrique reste ouverte. Mais avec plus de 650 start-ups prêtes à parier sur cette vision, la détermination du pays à mener la transformation technologique du continent n’a jamais été aussi claire.


